Les doutes

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Johan arpentait les couloirs quasiment vides de l’académie en cette fin de soirée. Habituellement, il aimait ce calme. Durant les vacances, il appréciait les ballades dans les anciens bâtiments et flânait dehors sans entendre les ragots, et les disputes des autres étudiants. Mais pas cette fois-ci. Où qu’il regardait, il se remémorait les moments avec Laurène, et son absence lui semblait irréelle. Il n’arrivait toujours pas à accepter tout ce qui s’était passé. Outre la douleur évidente qu’il ressentait, il commençait à s’inquiéter sérieusement pour Anasteria. Et pour ne rien arranger, les magistères parlaient désormais de les faire “aspirants”. Johan secoua doucement la tête. Comme s’il avait le niveau pour parcourir déjà l’empire et sauver les gens. Il n’avait pu sauver Laurène. 

 

— Iselia, la discussion est close.

 

Johan stoppa sa marche, et regarda autour de lui. La voix de la magistère Masilda résonnait dans le couloir. À pas feutré, il rasa le mur et se dirigea vers la conversion animée.

 

— Je ne peux pas te laisser faire ça, Masilda. Ce ne sont que des enfants.

 

Il parvint jusqu’à l’intersection du couloir, et pouvait clairement entendre que les deux femmes se trouvaient à sa droite, à quelques mètres. Sa curiosité prit le pas sur sa raison, et il se décida à écouter. Après tout, elles parlaient visiblement d’eux. 

 

— Premièrement, je suis magistère. Ce n’est pas parce qu’on a étudié ensemble que tu dois faire preuve de familiarité. Deuxièmement, ce n’est pas ta décision. Ce ne sont pas des enfants, mais des étudiants qui sont plus capables que la plupart des mages sortant de cette académie.
— Ils n’ont eu que de la chance, souffla Iselia. C’est un miracle que Laurène soit la seule victime. Ils sont trop jeunes, ils doivent encore étudier ici. Johan est toujours traumatisé par son enfance en Méridie. Ivona est douée, vraiment, mais elle ne sait pas travailler en équipe, et a clairement de gros problèmes de communications et de socialisation, sans compter qu’elle peut faire preuve de suffisance et d’arrogance. Et je ne parle même pas d’Anasteria, elle est trop instable émotionnellement avec tout ce qui se passe ! 

 

Iselia lâcha un lourd soupir.

 

— Je sais qu’ils ont du potentiel, tous les trois. Je le vois. Mais pas maintenant. Vous allez les briser si vous les envoyez en mission. Tu le sais aussi bien que moi ce qui va se passer. Et pour moi, Davos ne devrait pas être aspirant. Il est trop impulsif, et maîtrise moins bien ses pouvoirs que les trois autres. 
— Iselia. Ce sont des mages, plus des enfants. Et ils ont choisi de devenir chevaliers. 
— Oui, comme moi, siffla Iselia. Et je l’ai regretté. Je sais qu’ils ont du potentiel, et qu’ils deviendront de très bons mages sur lesquels on pourra compter, mais pas maintenant. On doit les accompagner, pas les envoyer en enfer tout de suite !

 

Masilda croisa les bras, et toisa d’un mauvais regard Iselia.

 

— Merci, je le sais, siffla-t-elle. Je n’ai pas besoin de ton aide pour cela. On va les guider.
— Je peux le faire !
— Toi ? Iselia… Ce sont des aspirants-chevaliers. Ils ont besoin d’un chevalier-mage pour les diriger. Pas d’un professeur.
— Mais j’ai été chevalière, pesta Iselia. Ne joue pas les ignorantes. Tu as été en mission avec moi.
— Fais attention à ton langage. Par Aulus, tu n’as pas changé… 

 

Masilda soupira longuement, mais elle modifia sa posture. Son visage s’adoucit un peu plus, et elle prit appui contre le mur derrière elle.

 

— Iselia, écoute, tu m’as dit que tu ne voulais plus faire affaire avec les chevaliers, et j’ai accepté ta demande. Maintenant, tu ne dépends plus de moi, mais de Pavus. Je ne peux pas accéder à ta requête. Encore moins avec l’enquête. Tu es aussi suspecte que les autres.
— Quoi ? Je ne pourrais jamais leur faire du mal ! Tu le sais !
— Je dois être impartiale, Iselia. À ce stade, tout le monde est suspect. Je ne peux pas te laisser les approcher. C’est trop dangereux.

 

Iselia se mordit la lèvre inférieure. Elle paraissait si frustrée aux yeux de Johan que ça en était perturbant. Pour lui, sa professeure demeurait une experte pour contrôler ses émotions. Jamais elle ne criait, ne hurlait ou ne semblait blessée. Johan admirait cette résilience, et se demandait si un jour il serait capable d’une telle prouesse pour enfouir ses démons si loin. 

 

— Je… Je comprends, bafouilla Iselia. Tout ce que je te demande, c’est de faire attention à eux. 
— Je ne te savais pas si sentimentale. Pourquoi es-tu si attachée à eux ?
— Je trouve ça injuste. Aucun d’eux ne mérite de vivre ça, ils sont bien trop jeunes. Ils ne sont pas mauvais, vraiment. Ce sont de bons élèves, et je sais qu’ils veulent faire du mieux qu’ils peuvent. 
— Johan vient de Méridie, reprit Masilda. Lui aussi a dû vivre le même enfer que toi. 
— Ce n’est pas une raison ! Il mérite justement un peu de paix. Il a quand même vu son amie morte. 
— Je comprends… Écoute, l’enquête doit suivre son cours. Et après, on aura une nouvelle discussion. Mais ne t’inquiète pas. Ils sont entre de bonnes mains avec Zèfir. Tu peux lui faire confiance. 
— Très… très bien. 

 

Iselia ne prit même pas la peine de saluer Masilda, et ce malgré son rang, et s’engouffra dans le couloir opposé à celui d’où venait Johan. Il continuait de regarder la scène, un peu perdu, avant que Masilda ne se tourne vers lui et l’aperçoit. Il se plaqua contre le mur, comme si cette action pouvait le faire disparaître. Mais très vite, il se retrouva face à la magistère et son air sévère.

 

— On espionne, Johan ?
— Quoi ? Non Magistère Fe Dixa ! Enfin… Je sais qu’on dirait, mais… Je suis juste arrivé ici par inadvertance ! Et… Et je vous ai entendu parler de nous… J’étais un peu curieux.

 

Un sourire en coin apparut sur le visage de Masilda.

 

— On dirait que la curiosité est en trait que vous partagez tous, avec tes amis. Pourtant, cela ne vous a pas réussi jusque là.
— C’est juste qu’on s’inquiète de la suite des événements. 
— Johan, je sais que tout ceci est vraiment nouveau pour toi. Plus que pour Davos et Ivona. Mais, je suis ici, avec Zèfir pour vous aider. Nous n’avons aucun intérêt à sacrifier nos étudiants. Tout ce que l’on veut, c’est vous protéger.
— Ne le prenez pas mal, mais on nous a déjà dit ça. Et je ne m’inquiète pas pour moi !
— Pour Anasteria, je vois. Mais fais-moi confiance, on connait notre travail.

 

Johan doucement de la tête. Il mentirait s’il n’angoissait pas pour la suite. Quand il avait rejoint Ignis et son académie, il avait caressé l’espoir d’une vie tranquille. Certes, il savait qu’il devrait être redevable envers ce pays qui l’avait accueilli et élevé. Mais il pensait qu’il deviendrait un mage sans grande aventure, chargé de la sécurité intérieure, ou des soins. Mais maintenant, il ne pouvait pas tourner les talons. Anasteria était sa vraie première amie, ici. Elle se moquait bien de son origine, ou de son passé. Et elle, elle n’avait pas le choix. Visiblement, le destin avait décidé pour elle quel genre de vie elle allait mener. Elle ne pouvait que subir. Et Johan était bien déterminé à ne pas la laisser affronter ça toute seule. Bien sûr, Ivona ne la laisserait pas esseulée. Mais même elle avait ses limites. Johan pouvait les aider ! Il le savait. Alors, il ne reculerait pas. Et tout ce qu’il pouvait faire, c’était fixer les yeux marron de la magistère et espérer que la sincérité qu’il entrevoyait ne l’induisait pas en erreur. Il ne voulait plus perdre un seul ou une seule amie.

***

 

Une fois dans leur chambre, Anasteria enleva ses bottes et se laissa tomber lourdement dans son lit avec un soupir. Elle tenait toujours dans sa main droite la sangle de son sac. Elle le lâcha, puis elle fouilla aveuglément dedans à la recherche de son précieux trésor.

 

— Je n’arrive pas à croire que tu as déjà faim, s’exclama Ivona. On vient de sortir de table !
— Je dois posséder un métabolisme nerveux, grommela Anasteria. C’est sans doute mon Etariel… truc.
Enariel, corrigea Ryse. Mais oui, les héritiers consomment en général plus de calories que les autres mages.


 
Anasteria trouva finalement le pain fourré à la viande qu’elle avait réussi à voler dans les cuisines de l’académie et le brandit fièrement comme un trophée.

 

— Ryse est d’accord avec moi, j’en ai besoin.
— Tu sais que je ne peux l’entendre, pas vrai ? Tu pourrais aussi bien mentir.

 

Anasteria se redressa et haussa un sourcil alors qu’elle croqua dans son pain.

 

— Wah, merci pour cette confiance. Je suis touchée.

 

Ivona roula des yeux, mais ne répondit pas. Anasteria continua alors de manger son casse-croute, mais elle ne pouvait pas empêcher ses pensées de tourner en rond. Encore, et encore, elle se posait les mêmes questions, ressassait les mêmes peurs, et se heurtait sur les mêmes inconnus. Tous ses sentiments devaient se lire sur son visage, car Ivona finit par demander d’une petite voix.

 

— Ana, est-ce que tout va bien ? 

 

Elle sortit de ses pensées pour la regarder. Ivona se tenait toujours debout, près de la porte, et ses doigts se nouaient nerveusement entre eux. Elle semblait clairement mal à l’aise, et au vu de la scène, Anasteria la trouvait particulièrement attachante. Elle avala sa nourriture, et lui adressa un large sourire.

 

— Bien sûr. 
— Tu n’as pas beaucoup parlé ce soir. Johan a pratiquement fait un monologue. Et pourtant, personne ne peut vous empêcher de discuter. 
— Je suis un peu fatiguée, c’est tout, répondit-elle dans un haussement d’épaules.

 

Ivona lâcha un petit rire puis elle secoua doucement la tête.

 

— Tu es une très mauvaise menteuse, reprit-elle affectueusement. 

 

Le sourire d’Anasteria s’effaça lentement et elle soupira. Son regard se perdit sur les restes de son pain à la viande.

 

— Est-ce que je t’ai déjà dit que tu es énervante lorsque tu sais tout ? railla-t-elle.
— Oui. J’ai perdu le compte depuis le temps. Ou peut-être que je lis en toi comme dans un livre ouvert.
— Tu passes trop de temps avec moi.
— Ma mère serait d’accord avec toi. 

 

Elle prit place sur le bord du lit d’Anasteria. L’idée de parler de ses doutes serra le cœur de l’adolescente, mais lorsqu’elle vit le regard azuré de son amie, les mots franchirent sans effort ses lèvres.

 

— Je pensais à ma famille, avoua-t-elle.
— Pourquoi ?
— Eh bien, avec tout ce qui se passe, je me pose des questions. J’ai toujours su que je n’étais pas vraiment de la famille Horne. C’est évident. Si tu voyais ma sœur jumelle, on ne se ressemble pas du tout. Alors, je sais, qu’on peut être jumeaux, et pas identique, mais là… Toi, tu ressembles à Adreïs, les mêmes cheveux, les mêmes yeux... Morgane est le portrait craché de ma mère. Et moi… Je n’ai rien en commun avec eux ! Et personne n’est mage dans ma famille. Personne, même pas mes grands-parents. Ryse a affirmé qu’un de mes parents devait être comme moi et possédait mes pouvoirs pour me transmettre ce sang. Quand tu mets toutes ces pièces ensemble, le doute n’est plus vraiment permis.
— Est-ce que tu leur en as parlé ?
— Oui. J’avais des suppositions, bien avant l’académie, raconta Anasteria. Je possède des cheveux roux alors que ma famille, des deux côtés, a les cheveux noirs. Forcément, j’ai posé la question à ma mère. Mais elle me soutient que je suis leur fille, et que je suis née en même temps que Morgane. Et chaque fois que je voulais en parler, elle changeait de sujet.

 

Anasteria laissa le reste de son pain sur sa table de nuit. Évoquer tout ça lui avait coupé l’appétit. Elle rapprocha ses genoux de sa poitrine, et entoura ses jambes avec ses bras, comme pour se protéger du monde extérieur. Malgré son âge, elle se sentait comme une enfant perdue. 

 

— Peut-être que tu devrais leur reparler de tout ça, conseilla Ivona. 
— Ou, peut-être que non. 
— Tu devrais peut-être te rendre à Islac. Depuis que tu es arrivée à l’académie, tu n’es jamais retournée là-bas, même pour les vacances ! Chaque fois que je rentre chez moi, tu restes ici.
— Johan reste, rétorqua Anasteria. Il n’a plus de famille, je ne peux pas le laisser ici tout seul.
— Je sais que tu veux l’aider, mais est-ce que c’est vraiment la seule raison ?

 

Anasteria soupira longuement et leva les yeux au ciel.

 

— Non, avoua-t-elle. Depuis le début de l’académie, j’ai été attaqué trois fois. Trois fois ! Et j’ai passé tellement de temps à l’infirmerie que je dors plus là-bas qu’ici ! Ne dis pas à Apell que j’ai dit ça. Et pourtant, malgré tout ça, mes parents ne sont jamais venus. Et ils n’ont jamais envoyé une lettre pour me demander si j’allais bien.

 

Elle tendit sa main brûlée vers Ivona.

 

— Visiblement, même ce genre de blessure ne les angoisse pas ! Depuis que je suis là, je me suis cassé des os, j’ai des bleus sur tout le corps, j’ai perdu une amie, j’ai presque perdu mon bras et pourtant… Pourtant ils ne semblent pas s’inquiéter. Les quelques lettres que j’ai sont affreusement banales. Qu’est-ce que je m’en fous de ce que Morgane a mangé la veille ! Comme s’ils se moquaient de mes soucis et ne voulaient pas voir que j’étais une mage avec des problèmes ! Et tu sais ce qui me fait le plus mal ? C’est d’imaginer que même ta mère a décidé de faire quelque chose et de m’aider alors que la mienne n’est jamais venue.
— Ana, je ne crois pas qu’on peut vraiment comparer.

 

Anasteria soupira et ses épaules se dégonflèrent.

 

— Bien sûr que non. Pardon. Je ne voulais pas… Je voulais… Ce que j’ai essayé de dire est —

 

La main d’Ivona se posa sur celle d’Anasteria, et elle lui adressa un doux sourire qui stoppa aussitôt des divagations.

 

— Je sais ce que tu voulais dire, lui assura-t-elle. Mais visiblement, ma mère nous cache beaucoup de choses. Elle a un intérêt à t’aider, et j’aimerais le découvrir. Ou bien, peut-être qu’elle veut juste s’assurer que son héritière survive, qui sait. 
— Pourquoi est-ce que c’est toi l’héritière, et pas Adreïs ?
— Bonne question, soupira-t-elle. Honnêtement, je ne sais pas si je suis vraiment l’héritière. J’imagine que j’essaye comme toi de comprendre et trouver ma place. Ma mère dirige plus ou moins la famille, et avant, c’était ma grand-mère. Je suppose que ça expliquerait leur éducation, si elles projetaient tout sur moi.
— Peut-être que tu as raison.
— Ana, je pense que tu devrais parler à tes parents. Si tu cherches des réponses, eux seuls peuvent t’aider à y voir plus clair.

 

Elle savait que son amie avait raison. Mais cela n’atténuait pas ses angoisses et ses peurs.

 

— Je ne sais pas, murmura Anasteria. Je le veux, mais… Et si la vérité est affreuse ? J’ai beau penser à tous les dénouements possibles à cette histoire, et aucun ne me plait !

 

Elle baissa ses jambes et s’approcha un peu plus d’Ivona qui la regardait avec confusion.

 

— Chaque question que je me pose a au moins une dizaine de réponses potentielles, et aucune n’est bien ! Qui sont mes vrais parents si ce n’est pas les Horne ? Est-ce que c’étaient des gens bien ou mauvais ? M’ont-ils abandonné ? Ont-ils été tués ? Viennent-ils d’un autre pays ? Pourquoi les Horne m’ont recueilli ? Est-ce que c’était de la pitié ? De la compassion ? Ou quelque chose d’autre ? Et si mes parents ne m’aimaient plus, car j’étais devenue mage, et parce que je causais trop d’ennuis ?
— Ana, arrête.

 

Ivona attrapa les mains d’Anasteria dans les siennes, et cela suffit à stopper son débit de parole élevé. Elle ne s’était pas rendu compte que son rythme cardiaque avait augmenté, et même sa respiration s’en trouvait saccadée.

 

— Ana, reprit Ivona, tu dois arrêter de te torturer avec ça.
— Je ne peux pas, avoua Anasteria, d’une petite voix. Je ne pense qu’à ça.
— C’est en train de te rendre malade.
— J’ai l’impression que toute ma vie devient un immense bordel chaotique. Je me sens perdue. J’ai besoin de comprendre ce qui se passe. Je... Je ne me sens même plus normale. 
— Tu es normale.
— Tu vois bien que non !
— Oui, tu l’es, répéta Ivona. Ce n’est pas parce que tu possèdes des pouvoirs différents que tu es un monstre ou autre. Tu es comme nous. C’est tout. 
— Je ne comprends juste rien à ce qui m’arrive, murmura Anasteria.
— On le comprendra ensemble, assura Ivona. Zèfir peut déjà t’aider à voir plus clair sur tes pouvoirs et ton sang. Et après, tu iras à Islac, et tu trouveras tes réponses. Mais tu ne gagneras rien à te poser les questions toute seule.
— Je sais… J’ai peur d’être déçue.
— Si c’est le cas, on sera là, avec Johan.

 

Anasteria esquissa un sourire et serra les mains d’Ivona.

 

— Merci. Est-ce que tu penses qu’on peut vraiment réussir à devenir aspirants ? 
— Oui. On peut réussir tous les trois. Toi et Johan vous devriez arrêter de douter de vous-même. 

 

Ivona répondit au sourire d’Anasteria.

 

— Moi, je ne doute pas de vous, lui assura-t-elle.

 

Et rien qu’avec cette phrase, le cœur d’Anasteria gonfla d’affection pour son amie. Elle se moquait d’avoir une expression niaise à ce moment-là, car pendant une courte soirée, elle pensait qu’Ivona avait raison. Et que tout pouvait s’améliorer. Avec elle, et Johan, Anasteria savait qu’elle pouvait tout affronter.

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